Christine Henry – Artiste

Chemins de garrigue

2005

Lorsque j’étais enfant, je parcourais à vélo et à pied ces chemins de garrigue.

Lors de ces promenades, l’émerveillement était omniprésent. Mes pieds heurtaient des galets qui, en roulant, signalaient ma présence. En réponse, il y avait toujours des bruits bizarres de fuite dans les fourrés et l’imagination aidant, je croyais voir la vipère s’enfuyant, le rat des champs, le lièvre et tant d’autres animaux, donc pleins de mystères et de frissons.

J’avais beau marcher sur la pointe des pieds (entre les galets) je dérangeais sans le vouloir, au détour d’un bosquet, une nichée d’oiseaux ou une poule faisane bien heureuse que je ne sois pas chasseur.

Il ne faut pas s’arrêter devant l’aridité fictive de ce milieu de garrigue même sous un soleil de plomb. Car la garrigue est un milieu naturel bien plus riche et vivant que ce qu’il laisse entre-percevoir.

Il y a aussi les jours de grand vent (dans ma région, c’est le Mistral). La végétation se tord, les fleurs touchent le sol, seuls les cailloux restent impassibles, abris temporaires pour nombres d’insectes. Mais rien ne craque ou ne cède. La végétation est coriace, résistante par sa souplesse.

Puis il y a les jours de pluie interminable, où la végétation ruisselle, perd ses formes, pendant que les escargots, les crapauds et grenouilles, les salamandres sortent enfin de leurs repaires.

Et puis, il y a des mystères indicibles : comment un lichen peut-il naître sur un rocher en plein soleil en étant exposé au vent ? Où puise-t-il l’énergie nécessaire à sa survie et comment fait-il pour se parer de couleurs aussi violentes ?

D’où viennent ces galets rouges, noirs, bleus, ocres ? Pourquoi la végétation est-elle si souvent épineuse ? Et ce tourbillon de couleurs lorsque les coquelicots côtoient les violettes et les pâquerettes…

J’ai grandi, mais je continue à arpenter ces chemins. Les mêmes mystères et frissons sont toujours là et je n’ai pas plus de réponses.

 » Chemins de Garrigue  » est un hymne à la beauté pour cette nature tourmentée et pourtant si accueillante pour celui qui prend le temps de marcher au milieu d’elle comme dans un sanctuaire.

© 2024 Christine Henry – Artiste