Christine Henry – Artiste

Maa hi, le grand arbre de la pluie

2023

Gouaches sur papier — 25 x 35 cm

Bruce Albert, anthropologue français, est un fervent défenseur de la cause du peuple Yanomani qui vit dans la forêt tropicale de part et d’autre de la frontière du Venezuela et du Brésil.
Dans le catalogue de l’exposition « Nous les Arbres » présentée à la Fondation Cartier en 2019, Bruce Albert nous parle de la relation étroite qui unit ce peuple à la forêt.
On y découvre que pour les chamanes yanomani, le régime des eaux et des vents sont soumis à l’influence prépondérante de la forêt et tributaires de son intégrité. La forêt est, pour eux, à l’origine des précipitations et non l’inverse.
Cette observation de la relation privilégiée entre les arbres et la pluie trouve une traduction cosmologique sous la figure de Maa hi, le grand arbre de la pluie.
Cet arbre s’élève aux confins de la terre et du ciel. Ses feuilles ruissellent sans cesse d’humidité. Autour de lui tout est obscur et froid. Le sol, couvert de boue, est la demeure des êtres de la nuit et des êtres vers de terre. Lorsque l’arbre Maa hi fleurit, il commence à pleuvoir dans la forêt et les eaux des rivières montent. Pour arrêter son ruissellement, les esprits des oiseaux caciques et des singes hurleurs qu’envoient les chamanes doivent secouer vigoureusement ses branchages pour en faire tomber les fleurs. Puis les esprits des chamanes aras doivent couper ses ramures, secondés par l’esprit tapir qui les accompagne de sa puissante pirogue. Lorsqu’il en est ainsi, l’arbre de pluie s’enveloppe de chaleur et les cigales commencent à y faire entendre leur voix.

© 2024 Christine Henry – Artiste