Christine Henry – Artiste

Rives fertiles

2004

Quatre Fleuves imaginaires traversent le carré. Ils sont surveillés par quatre animaux, le cheval à l’ouest, l’éléphant au nord, le lion à l’est et le bœuf au sud. C’est une légende bouddhiste qui relate que ces quatre sentinelles veillent sur un lac qui serait à l’origine de la naissance de tous les fleuves. Sur chaque rive de ces fleuves, la vie s’organise.

La diversité des végétaux et des animaux représentent la richesse naturelle qu’apporte un fleuve qui dépose ses limons et nourrit ainsi la terre. Beaucoup de civilisations sont apparues au bord des fleuves. Car bien que redoutés, pour les crues dévastatrices, l’homme a pu s’adapter à sa présence, ce qui lui a permis de vivre de la pêche, puis avec la venue de l’irrigation, de pouvoir semer et récolter les fruits du travail de la terre. Chaque récolte donne naissance à une fête, où l’on danse pour remercier la présence bienfaitrice du fleuve, ce qui a fait que les hommes ont pu bâtir des villes près de ces fleuves, quelque soit le continent.

Au centre du carré, navigue une  » barque cygne  » (référence à la barque solaire chez les Celtes), c’est elle qui fait le lien entre les rives et permet ainsi la communication et les échanges nécessaires pour faire avancer l’humanité. Sur la barque, un personnage de forme archaïque navigue, cette figure est inspirée de motifs peints sur des poteries de la région de Samarra (Moyen Tigre) vers 5000. Sur la voile s’inscrivent des pictogrammes très anciens, symbolisant l’élément eau. Le mat est un bouleau, arbre souvent utilisé dans la construction navale ancienne grâce à la droiture de son tronc. Symboliquement, cet arbre est aussi considéré comme un pilier cosmique, une voie par où descend l’énergie du ciel et par où remonte l’aspiration humaine vers le haut  » (Dictionnaire des Symboles).

La barque a un gouvernail où douze taureaux dansent. La forme animale taurine était très présente dans la culture grecque pour symboliser les fleuves. Car le taureau par sa fougue innée était comparé à la violence des crues des fleuves, que l’homme était obligé de subir. Cela donnait un pouvoir sacré aux fleuves et ils étaient réellement vénérés. Le chiffre douze et la roue du gouvernail représente les saisons qui passent, rythmées par la loi imposée par le fleuve, crues, irrigation, moissons et chaque année, cela recommence.

Rives fertiles est donc un  » instantané  » de la vie au bord des fleuves, où des gestes millénaires sont, de nos jours, toujours d’actualité.

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