Christine Henry – Artiste

Fleurs de Giverny

2017

La visite des jardins de Giverny est une véritable aventure dans l’univers des fleurs.

Dans son livre « Monet à Giverny », l’écrivain Adrien Goetz décrit très bien les sentiments qu’éprouvent les visiteurs :

« Le visiteur d’aujourd’hui peut donc éprouver les sensations qui frappaient ceux qui venaient voir le peintre. Ces jardins n’ont pas de centre géométrique, il faut s’y perdre en laissant le regard vagabonder entre les iris, les capucines et les rosiers, glisser sur les nymphéas qui, au ras de l’eau, ressemblent à des reflets. Grâce à cette multiplication de points de vue, le monde du jardin, kaléidoscope en permanent renouvellement, dialogue avec celui de la maison, où sont accrochés tant de tableaux. Des premières allées droites aux espaces courbes des allées qui entourent l’étang, du promontoire de la terrasse devant la demeure au panorama qui s’ouvre depuis le pont japonais ou la petite passerelle, c’est une succession d’images mouvantes que Monet a souhaité créer. »

Monet choisissait lui-même les graines des fleurs qu’il plantait afin de composer son jardin comme un tableau. Il a créé aussi des supports afin que les plantes s’épanouissent dans la verticalité ou l’horizontalité. Tout ceci contribue à nous donner au final le spectacle d’un feu d’artifice de couleurs et de formes et de senteurs.

J’ai eu le privilège de séjourner là-bas quelques jours, au printemps et à l’automne. Les floraisons sont différentes selon les saisons mais elles sont toujours époustouflantes.

Dans ce dessin, j’ai essayé de raconter cette histoire. Les jardins de Giverny sont organisés en deux parties : le jardin japonais et le Clos Normand. Monet était un passionné du Japon, de sa culture et de son raffinement. Il a donc imaginé son jardin japonais, appelé aussi jardin d’eau. Pour cela il a détourné un bras de l’Epte pour créer l’étang où s’épanouissent les nymphéas. Puis il a imaginé deux ponts dont un est recouvert des célèbres glycines blanches et mauves. Le jardin d’eau est très fleuri, avec beaucoup de bosquets de fleurs tout autour de l’étang. Monet y a aussi planté des saules pleureurs et des bambous afin que leur verticalité contrecarre l’horizontalité des autres plantes. Les saules pleureurs et les bambous font aussi de magnifiques reflets dans l’eau.

L’autre partie du dessin représente le jardin du Clos Normand. J’ai tracé des rayons qui représentent les différentes allées de ce jardin. Ils s’organisent autour de l’allée centrale, que Monet avait conçu afin de relier en perspective le perron de la maison au jardin japonais. Cette allée centrale est bordée de capucines qui à chaque automne envahissent le sol et et le transforme en parterre végétal. Cette allée est aussi couronnée d’arceaux où poussent des rosiers rouge, rose, blanc et jaune.

J’ai représenté aussi des fleurs de cerisiers japonais car Monet aimait beaucoup cet arbre et il en a planté à Giverny pour profiter de leurs floraisons printanières. Les fleurs du Clos Normand sont dessinées dans des espaces créés à partir de lignes droites ou courbes pour rappeler les structures existantes dans le jardin. Chaque parcelle a son propre point de vue et n’obéit pas au sens de lecture traditionnelle afin de renforcer l’impression d’étourdissement que l’on peut ressentir lorsqu’on est plongé au milieu de toutes ces fleurs.

Fidèle à sa passion du Japon, Monet collectionnait des estampes japonaises. En haut et à droite du dessin, j’ai dessiné des gros plans de fleurs du jardin de Giverny, en utilisant un cadrage et une mise en couleur qui rappellent les estampes japonaises. Chaque tableau est séparé par un espace. Dans ces espaces j’ai reproduit des motifs de kimono qui figurent sur certaines estampes de la collection de Monet afin de rendre hommage à sa passion. Claude Monet aimait aussi collectionner des faïences : faïence de Rouen, de Delft, d’Extrême- Orient. On peut les voir exposées dans la salle à manger de sa maison de Giverny. J’ai choisi de créer une sorte de mosaïque à partir des motifs floraux représentés sur ses faïences. Ce sont les motifs qui ornent le côté gauche et le bas du dessin.

« Fleurs de Giverny » est le reflet de ce que j’ai ressenti en visitant ce si beau lieu.

© 2024 Christine Henry – Artiste